Il se réoriente dans le développement web via une école d’ingénieur : le témoignage de Matis

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La grande majorité des personnes effectuant une réorientation dans le domaine du développement web passe par une formation accélérée. Pour cet entretien, nous avons rencontré Matis qui, pour sa part, a décidé d’effectuer un cursus complet en 5 ans dans une école d’ingénieurs. Actuellement en troisième année, il nous explique son parcours et nous donne ses impressions sur son cursus en école d’ingénieurs en tant qu’étudiant reconverti. 

 

Lesdevjuniors - matis

 

Peux tu nous décrire ton cursus ?

A la base, je m’orientais vers le milieu de la musique. Mon père est musicien, je fais moi même de la musique depuis petit…mais avec le temps, je me posais des questions. Je n’étais pas certain de vouloir vivre cette vie de musicien. En parallèle, j’avais un ami qui était développeur web freelance, et qui me parlait de son métier. Je voyais à quel point c’était un secteur dynamique et qui me semblait intéressant. Il m’a conseillé et m’a motivé à me lancer. J’ai pris connaissance des différentes formations possibles. A ce moment-là, j’ai 23 ans. J’ai déjà débuté des études supérieures dans le domaine de la musique. Je m’apprête donc à faire une réorientation. J’entendais parler de cursus accélérés, qui promettent de former des gens au métier de développeur web en 3 ou 6 mois. J’étais sceptique. J’ai du mal à croire qu’il soit possible d’apprendre un métier aussi vaste et technique en quelques mois. Mon ami me conseillait de faire un vrai cursus d’ingénieur, en 5 ans. C’est ce qui me parlait le plus aussi. Je me suis donc inscrit dans une école d’ingénieur : l’EPSI.

 

Quels sont les profils que l’on trouve aujourd’hui en école d’ingé (dans ton école tout du moins) ?

La première année, je crois qu’on était seulement deux à effectuer une reconversion. C’était un peu spécial car il y avait un écart d’âge entre nous et les autres élèves. Mais désormais, en 3e année, il y a d’autres profils qui ont été intégrés à la formation. Concernant l’ambiance et l’état d’esprit, je dirais qu’il y a une moitié de la classe qui correspond au profil un peu stéréotypique de l’ingénieur en informatique (assez introverti, geek, etc) et une autre moitié qui correspond plutôt au profil que j’ai moi-même, à savoir, des gens pas nécessairement destinés aux métiers de l’informatique à la base, mais qui ont un intérêt pour la chose. Pour ma part, je me suis découvert une passion au fil du temps. Pour ce qui est du niveau, il y a un peu de tout.

 

Quelles sont les compétences / technos / langages mis en avant dans ton cursus ?

Comme dans toutes écoles d’ingénieurs, le contenu de la formation est, au départ, assez généraliste. Mais globalement, j’ai l’impression que l’accent est mis sur l’adaptabilité et la transmission de compétences diverses et multiples. Certains cursus se concentrent sur 1 ou 2 langages. Dans notre cas, en 3 ans de formation, on a déjà parcouru beaucoup de technos (PHP, C#, Java, JavaScript, React, Python, Node). Cela nous apprend à nous adapter et à vite comprendre comment passer d’un environnement à un autre.

 

Comment s’est passée ta recherche d’alternance ?

Moins simple que ce que j’aurais pensé. J’ai mis environ 5 mois pour trouver une alternance. Et j’ai essuyé une quarantaine de refus. Il y avait deux éléments qui semblaient bloquer les entreprises : premièrement, je cherchais une alternance pour ma 3e année, tandis que la plupart des boîtes auxquelles je m’adressais disaient qu’elles favorisaient les étudiants étant déjà en cycle de master (4e année donc). Ces profils sont un peu plus formés, et ça fait un an de moins à attendre pour pouvoir embaucher directement la personne ensuite. Deuxièmement, j’avais 26 ans quand j’ai commencé ma recherche. C’est l’âge fatidique à partir duquel une entreprise doit payer l’alternant au moins à 100% du SMIC horaire. Ce qui représente une barrière de plus, sur le plan économique. Au final, j’ai fini par trouvé, par cooptation, dans une grosse entreprise.

Je suis quelqu’un qui a besoin de pouvoir progresser continuellement dans ce que je fais […] Avec le développement web, il y a toujours de nouvelles choses à apprendre.

 

Et pour tes camarades de classe ?

Il y a eu différents cas de figures. Certains ont trouvé rapidement. Mais pour pas mal d’autres élèves, ça a été assez long. J’étais surtout étonné de l’aspect “aléatoire” de la chose. A titre d’exemple, j’ai un de mes camarades, qui est vraiment brillant en informatique. Il a mis encore plus de temps que moi à trouver. Et pourtant, au delà de ses capacités en développement web, c’est quelqu’un qui sait bien s’exprimer, qui présente bien… C’est assez mystérieux. 

 

Aujourd’hui, tu es satisfait de ta situation ?

Oui. Mon alternance se passe plutôt bien. Et surtout, en apprenant le développement web, comme je le disais, je me suis découvert une passion. Je suis quelqu’un qui a besoin de pouvoir progresser continuellement dans ce que je fais. Une de mes peurs, lorsque je réfléchissais, plus jeune, à mon avenir professionnel, était de finir dans un métier dont j’aurais pu faire le tour assez rapidement. Avec le développement web, il y a toujours de nouvelles choses à apprendre.

 

Pour finir, si tu avais un conseil à donner à ceux qui songent à se lancer dans une réorientation dans le développement web, tel que tu l’as fait, quel serait-il ?

C’est compliqué à dire, car ça dépendrait du profil de la personne que j’aurais en face de moi. J’entends souvent dire que le développement web est un métier accessible à tout le monde…Je ne suis pas vraiment d’accord avec ça. Je pense que ça demande d’avoir un certain profil tout de même. Certes, ce n’est plus comme avant, où le monde de l’informatique quasi exclusivement peuplé de purs passionnés. Aujourd’hui, le métier est plus ouvert, et les profils plus variés. Mais de là à dire que tout le monde peut faire ce métier…Je suis très sceptique. La quantité de connaissances à acquérir est très importante. Donc déjà, si on n’est pas quelqu’un de curieux intellectuellement, je ne vois pas comment on peut tenir dans cet environnement. De plus, c’est un métier où l’on passe l’essentiel de son temps à régler des problèmes, des bugs. Donc ça non plus, je ne pense pas que ce soit fait pour tout le monde. Tout ça pour dire que je conseillerais tout d’abord de pratiquer un peu le développement web dans son coin, en s’initiant, par exemple, au HTML, CSS et JavaScript, tel que je l’ai fait. Si la personne sent que le fait d’apprendre des choses dans ce domaine lui plait réellement, alors, qu’elle se lance ! Il faut s’assurer que l’on ait un réel intérêt pour cette discipline, et que ce n’est pas juste quelque chose que l’on se verrait faire occasionnellement.

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